L’Autoguidage : Mode d’emploi

l’auteur

En route pour l’imagerie

Cet article a pour but de vous donner une méthode pratique pour vous lancer dans la photographie astronomique. Je ne balaierai pas volontairement toutes lesconfigurations possibles (montures, imageurs, guideurs, et…) car cela compliquerait singulièrement le propos. Je vais décrire de façon la plus précise que possible la procédure que j’utilise avec mon matériel, et qui me permet d’obtenir des images du ciel profond avec ma foi des résultats sympathiques.

La séquence que je décris est le fruit de ma modeste expérience, fondée essentiellement sur la chasse aux énervements et irritants divers, et sur de multiples nuits moins que moyennes en qualité de ciel, et donc mises à profit pour l’apprentissage. Vous constaterez que le lancement d’un autoguidage peut être un sport dangereux pour les nerfs si l’on ne respecte pas une chronologie à peu près établie. Je dirais que quand tout se passe correctement, en moins d’une heure on peut lancer une séquence d’acquisition. A l’opposé, on peut aussi si on collectionne les farces avoir enfin fini les réglages et souffler un instant bien mérité pour contempler… les premières lueurs de l’aube.

Matériel :

Monture : Orion Skyview Pro motorisée sur les deux axes (cette monture a été modifiée, et moteurs et réducteurs ont été remplacés par des moteurs pas à pas entrainant des poulies via une courroie crantée), la monture est gérée par un pic astro, qui prend en charge les moteurs et traduit en impulsions les ordres envoyés via le PC par les logiciels de guidage.

  • Imageur : lunette Orion 80 ED et EOS 350D (non modifié) commandé par le port parallèle via un câble spécial.
  • Guideur : lunette Skywatcher 70-700 avec webcam Toucam Pro II au foyer
  • Logiciel de guidage : guidemaster
  • Logiciel d’acquisition : DSLRFocus.

Le ciel est clair, la transparence est idéale, pas de vent.

On met la monture en place et en station:

Installation de la lunette, de la lunette guide, du contrepoids, équilibrage de la monture. Il est important d’effectuer la charge de la monture avant de commencer les réglages de mise en station afin d’éviter les surprises dues à des flexions qui apparaîtraient au moment où l’on charge la monture. Se méfier comme de la peste de la stabilité du sol (un trépied qui s’enfonce lentement dans le sol peut donner du fil à retordre…)
Vérification que le réglage en azimut de la monture est à peu près à mi-course (pour ce faire vous devez visser les deux vis qui se trouvent à l’avant de la monture d’a peu près le même nombre de tours pour qu’il y ait autant de débattement dans un sens que dans l’autre)et que l’angle de latitude correspond grossièrement à la latitude du lieu

Cliquer pour voir en grand

ici, une config type d’autoguidage ; Une monturer Fiable (içi une axis f20a de chez AxisInstruments ), Un tube optique Imageur ( Vixen 200 /800 f4 ) Surmonté d’une lunette guide ‘de base’ (orion achro 80/900 f11) dans ses anneaux de guidage, une webcam de guidage , un 350d spécial astro (défiltré) Un pc d’occasion (parfais pour ce genre d’exercice; autonomie minimale de 5heures 🙂 ), une raquette de commande MTS3-sdi importé par Axis; non visible sur la photo : un flip miror sur la lunette guide (partique pour trouver des etoiles)

Ouverture du viseur polaire et vérification de la présence de l’étoile du même nom dans le champ du viseur. Correction éventuelle de l’orientation des pieds.

Mise à niveau de la base de la monture. J’utilise pour ce faire un niveau à bulle de chantier. Je règle d’abord l’horizontalité des pieds est et ouest, puis le pied nord. (PS on devrait pas mettre ce paragraphe avant celui du dessus ?)

Centrage de la polaire avec cette fois les réglages de la base de la monture. Les réticules des montures ne sont pas tous identiques référez vous à la documentation de votre viseur pour connaître la position exacte que doit avoirla polaire dans le viseur. De manière générale, il faut positionner l’axe horaire de la monture à la date et à l’heure universel de votre observation.Vous pouvez aussi vous aider de certains logiciels comme polarfinder qui vous dessinent la position de la polaire pour le lieu, la date et l’heure de votre observation.

Si le viseur polaire a été correctement réglé de jour (je ne puis que vous déconseiller de faire ce réglage de nuit sur une étoile,(gnééé cf ci dessous) rappelez-vous que le but de ce tuto est d’épargner vos nerfs…), la mise en station est suffisante pour se lancer dans une première tentative d’imagerie. Il est clair que meilleure est la précision, meilleur sera le suivi (absence de rotation de champ).

Sachez que si vous effectuez une mise en station suffisamment précise (éventuellement assistée par des logiciels comme astrosnap ou Mesxxi) votre effort sera récompensé par la possibilité de ne pas guider en déclinaison, ce qui va faire s’évaporer comme par miracle les trois quarts des problèmes que l’on peut rencontrer (le guidage en déclinaison, c’est un véritable fléau). re ps : je trouve que ce paragraphe est en contradiction totale avec celui ci du dessus

Cette simplification vaut donc de s’attarder sur la mise en station. On règle les chercheurs : on commence par le chercheur de l’imageur, puis on passe au chercheur du guideur. Veillez à ce que le réglage du chercheur du guideur soit le plus précis possible, cela vous épargnera bien des énervements au moment de centrer une étoile guide sur le capteur minuscule de la webcam de guidage.

On pointe sa cible.
La première chose à faire est évidemment de pointer la cible ! On met un oculaire grand champ sur l’imageur, on pointe la cible.
A ce stade et avant d’aller plus loin dans les réglages, il est prudent de simuler la rotation du ciel et de vérifier en déplaçant votre instrument vers l’ouest que lors du suivi qu’il ne va pas entrer en contact avec un des pieds du tripode. C’est souvent le cas pour les objets très hauts (M31, Dentelles du cygne). i c’est le cas il vous faudra surveiller le suivi et le cas échéant procéder au basculement du tube. Vous pouvez dès à présent (si c’est possible) orienter le tube dans l’autre sens de façon à éviter le contact.
On remplace ensuite l’oculaire par l’APN muni de sa bague T et de l’adaptateur coulant 50mm.

Mise au point
On lance ensuite DSLRFocus ou tout autre logiciel d’acquisition d’images pour faire une mise au point grossière.

Point n’est besoin de faire une mise au point précise tant que le cadrage de l’objet n’est pas effectué, car en orientant l’APN on peut modifier légèrement la mise au point.
Si on a fait une mise au point précise avant de cadrer, c’est perdu, il faudra le refaire ( à moins de posséder une passion immodérée pour la pratique de la mise au point)…

On cadre la cible dans le champ de l’imageur.

Toujours avec DSLR focus en mode focus et avec des poses courtes (quelques secondes), on cadre l’objet, en orientant l’APN et en jouant de la raquette. Cette phase peut aussi être effectuée avec tout autre logiciel qui permet de visualiser à l’écran du PC les images effectuées par l’APN.
Si l’objet n’apparaît pas à l’écran, il faut se fier aux étoiles du champ pour le cadrage. Cadrer correctement la tête de cheval est éminemment plus long que cadrer la grande nébuleuse d’Orion. Vérifier ensuite le cadrage par une pose longue (1 minute ou plus) en mode acquisition.
Nous n’allons pas faire la mise au point de suite. Je préfère attendre que l’autoguidage soit en marche pour faire la mise au point, cela évite dans une certaine mesure les imprécisions qui pourraient résulter des erreurs périodiques et autres dérives de la monture.

On choisit une étoile guide.
Voici la phase la plus pénible, centrer une étoile guide sur le capteur. Il faut effectuer des gestes doux pour ne pas dépointer l’imageur soigneusement cadré.
Comme grâce aux conseils précédents, vos nerfs sont toujours intacts, cela devrait bien se passer.
Placer un oculaire de focale moyenne sur la lunette guide. J’utilise un renvoi coudé pour éviter de me tordre le cou quand je pointe proche du zénith.
Repérer une étoile dans le chercheur, et jouer sur les réglages des anneaux pour la centrer dans l’oculaire (surtout n’utilisez pas la raquette…vous perdriez le pointage de l’objet dans l’imageur). Mettre l’oculaire le plus fort que vous ayez, et bien recentrer l’étoile guide. De ce centrage dépendra la crise de nerfs qui suivra ou pas… avis aux amateurs….
Placer la webcam au foyer de la lunette guide. Mettez les réglages de gain à fond et la vitesse d’obturation la plus lente possible.
Après bien des déboires, j’utilise systématiquement une bague allonge entre le porte oculaire et la webcam. Ceci me permet d’avoir à quelque chose près le même réglage de mise au point qu’avec le renvoi coudé et l’oculaire, et donc d’avoir à l’écran du PC une image à peu près focalisée dès que j’insère la webcam dans la bague allonge.
J’insiste sur ce point (à moins de repérer le point focal sur le tube du porte oculaire), car si l’image de la webcam est complètement défocalisée, l’écran sera désespérément vide même si l’étoile guide est dans le champ… le mieux est d’essayer une fois avec une image complètement défocalisée pour se jurer qu’on ne le fera plus jamais…

Si par malheur il n’y a pas d’étoile guide suffisamment lumineuse dans le champ, priez pour que votre webcam soit modifiée longue pose, et dans ce cas passez sur des poses d1/2s ou 1s, vous aurez certainement la chance de voir apparaître une étoile.
Si votre webcam n’est pas modifiée et que vous avez fouillé tout le champ que vous autorise votre anneau de guidage (c’est pour cela qu’il vaut mieux avoir un anneau de guidage avec de la marge par rapport au diamètre de la lunette guide), la mort dans l’âme il vous faudra vous résoudre à changer d’objet. Mais statistiquement, les célébrités ont toutes peu ou prou une étoile guidable pas bien loin, il suffit de chercher un peu.

Modifiez les réglages d’acquisition de la webcam de manière à ce que l’étoile guide ne sature pas le capteur ce qui nuirait à la précision du guidage.
Donc, votre étoile guide est centrée sur le capteur, la mise au point est faite. Vous pouvez lancer votre logiciel de guidage favori. Effectuez les calibrations et réglages de guidage.

Attention : lors des opérations de calibration, les logiciels de guidage déplacent plus ou moins l’étoile guide sur l’écran. Vous pouvez aussi être amené à la déplacer pour orienter la webcam. Pensez bien que si ce sont les moteurs qui ont déplacé l’étoile guide, vous la recentrerez avec les moteurs (eh oui, dans ce cas votre imageur d’à côté s’est aussi déplacé, pensez à votre cadrage). Si vous avez
déplacé l’étoile guide à l’écran en orientant la webcam ou en tripatouillant la mise au point, il vous faudra la recentrer en jouant cette fois uniquement sur les réglages des anneaux de guidage (l’imageur n’avait pas bougé).
Vous pouvez alors sereinement lancer votre logiciel de guidage.

On fignole la mise au point

Ouf, l’étoile guide ne bouge plus, les moteurs suivent. On peut passer à la mise au point.

Choisissez donc une étoile pas trop brillante bien au centre du capteur, et suivez l’évolution de la mise au point avec DSLRFocus. Vous apprécierez la simplicité de la mise au point lorsque le porte-oculaire de votre imageur est motorisé.

Vous pouvez effectuer la mise au point en utilisant la méthode des aigrettes ou celle du disque d’Hartmann. Dans ces deux méthodes, vous devez prendre des images successives et vérifier à l’écran que la mise au point s’améliore ou se détériore si vous avez dépassé l’optimum de mise au point. Dans le cas des aigrettes, lorsque la mise au point est mauvaise, elles sont dédoublées, lorsque la mise au point est correcte les aigrettes sont simples et bien fines. Pour le disque d’Hartmann, les deux traits qui apparaissent à la place de l’étoile sont disjoints en cas de mauvaise mise au point et forment une croix lorsque la mise au point est correcte.

Voilà, la mise au point est parfaite, le guidage tourne comme une horloge, vous pouvez lancer la séquence de poses !
Pensez à régler votre logiciel de guidage de façon à ce qu’il arrête le guidage si l’étoile sort de la cible ou si elle disparaît. Sinon, si un nuage venait à passer ou si votre chat vient se frotter contre le trépied et décentre l’étoile guide (suivez mon regard, c’est du vécu…), il y a risque d’emballement de l’autoguidage, avec sortie de l’étoile guide du champ, et reprise des opérations pénibles de centrage…
N’oubliez pas en fin de séquence de prendre une série de flats, darks et offset !

4 thoughts on “L’Autoguidage : Mode d’emploi

  1. LECOCQ Bruno says:

    bonjour,

    merci pour les infos,

    je suis un planéteux, je vais tenter cette année de me frotter au CP,
    j ai deux scopes newton, un 200 et un 254, je pense que le 200 est très largement suffisant.

    J ai deux cam, une ASI et une DMK 41

    une lunette de guidage ed 80/40O mm et des barlows

    une monture NEQ6 ,
    un pc portable

    Que me conseilles tu en logiciel d autoguidage.

    Merci

    1. Frédéric says:

      vue les pitit pixel des tes camera je recomande surtout de commencer par imager avec la 80/400 et de guider avec le newton
      sinon pour le logiciel d’autoguidage, on ne présente plus PHDguiding car facile, efficace et fiable
      🙂

  2. Luc says:

    Bonjour,

    La méthodologie est très bien détaillée (on perçoit bien le vécu…), cela va beaucoup plus loin que la mise en oeuvre de l’autoguidage.
    Dommage que le point délicat du choix des vitesses de rattrapage et de leurs conséquences sur le guidage ne soit pas abordé.
    Peu-être l’objet d’un prochain dossier ?

    Félicitation.

    Luc

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